Aux grands mots les mauvais remèdes

Cramponnés à des certitudes sans fondement, ils sont indécrottables ! La lecture dans la presse destinée au monde des affaires des analyses et des points de vue l’illustre jour après jour. Les modèles de prévision s’effondrent et il n’en est pas tenu compte alors qu’ils requièrent désormais une approche pluridisciplinaire et non plus réservée au pré carré des économistes. 

La nouvelle donne du capitalisme n’est reconnue que du bout des lèvres, et les conséquences n’en sont pas tirées. Il est certes possible de vivre avec la faiblesse de l’inflation et le processus de « japonisation » que connait l’Europe, sans savoir quand il y sera mis fin et à condition que les banques centrales poursuivent leurs achats obligataires. En est-il de même de la faiblesse de la croissance, du gonflement de la dette, de l’hypertrophie du système financier et de son instabilité chronique, ainsi que du développement des inégalités ?

Le bas niveau de la croissance aurait de multiples causes et les économistes restent perplexes à son sujet. Cela ne sera pas sans effet sur le financement des filets de protection sociale. La clé serait l’augmentation de la productivité grâce aux nouvelles technologies, entendez la robotisation du travail après son informatisation. Mais cela revient à boucher un trou en en créant un autre. Si le travail se raréfie, sur quels revenus vont pouvoir compter ceux qui n’y ont pas accès et ne sont pas des rentiers ? 

Le développement des inégalités est porteur de lourdes conséquences sur le modèle de société qui se dessine déjà. La réduction de la fracture sociale est une illusion si de grands moyens ne sont pas mis en jeu, des réformes structurelles qui ne sont pas celles que nos incorrigibles défendent. Faute de celles-ci, la démocratie politique, « le moins mauvais de tous les systèmes » selon Winston Churchill, n’a pas un grand avenir à ce jeu. La société de surveillance se met progressivement en place, les réglementations et barrières juridiques impuissantes à l’endiguer.    

Mais il est un domaine pire que tout. Les effets de l’activité humaine sont génératrices d’une forte augmentation des températures et destructrices des écosystèmes. Les pandémies qui se succèdent en résultent irrémédiablement. La capacité du capitalisme à se renier et à muter n’est pas démontrée au-delà des belles paroles qui ne manquent jamais. Le « green business » et les critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) qui permettent d’évaluer la prise en compte du développement durable et des enjeux de long terme dans la stratégie des entreprises sont pleins de faux-semblants qui interrogent sur la réalité de leurs effets dans le calendrier imparti. 

Ce bilan est calamiteux. Espérer que les esprits vont changer au dernier moment, le nez devant l’obstacle, c’est prendre le risque inconsidéré qu’il soit trop tard. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.